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Entretien avec WikiLucas, Lingua Libriste en résidence

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Retour sur l’expérience du 1er lingua libriste en résidence

Lingua Libriste en résidence
Étudiant en Master d’Industries de la langue à l’université Grenoble-Alpes, Lucas Prégaldiny (alias WikiLucas00) a passé l’été 2021 à Lyon, en tant que lingua libriste en résidence. En effet, du mois de mai au mois de septembre, il a travaillé chez notre partenaire, l’Institut international pour la Francophonie, afin de préparer l’intégration des enregistrements audios du projet Lingua Libre au sein du Dictionnaire des francophones. Il s’agit du premier dispositif de la sorte pour le projet de médiathèque linguistique de l’association.

« À travers mes études j’ai été sensibilisé aux enjeux de la disparition des langues, aux besoins de préservation et de documentation linguistique. C’est ce qui me motive à contribuer aux projets Wikimédia. »

Comment as-tu découvert les projets Wikimedia ?

« J’ai commencé à contribuer fin 2018, quand j’étais en deuxième année de licence en Sciences du langage, à Lyon. Je consultais déjà le Wiktionnaire, qui comporte des transcriptions phonétiques, ce qui n’est pas le cas de tous les dictionnaires, et j’avais appris l’alphabet phonétique international en cours.  J’ai donc naturellement commencé à en ajouter de nouvelles. J’ai rapidement remarqué les enregistrements audios présents sur certaines entrées du Wiktionnaire, et j’ai voulu apporter ma pierre à l’édifice. C’est comme cela que j’ai commencé à contribuer à Lingua Libre. Depuis 2020, je suis impliqué en tant qu’administrateur sur le projet, je participe aux réunions avec Wikimédia France, et j’ai eu l’occasion d’animer des formations au nom de l’association, en compagnie d’Emma Vadillo. »

Qu’est-ce qu’une résidence wikimédienne ?

« Cela consiste à embaucher au sein d’une institution culturelle ou d’une université un contributeur ou une contributrice aux projets Wikimédia, afin de permettre une transmission mutuelle des connaissances.
Depuis la première expérience en France au Château de Versailles en 2011, les contrats de wikimédiens en résidence se développent petit à petit en France, avec par exemple Sébastien Gathier en 2020, ou plus récemment Nicolas Vigneron. »

En quoi consistait cette résidence de lingua libriste ?

« C’est Noé Gasparini, chef de projet du Dictionnaire des francophones (DDF) au sein de l’Institut international pour la Francophonie, par ailleurs administrateur du Wiktionnaire et membre du groupe lyonnais, qui a proposé cette résidence. Ce dictionnaire en ligne porté par la DGLFLF a pour but de décrire le français dans sa diversité, tel qu’il est parlé aux quatre coins du monde. Ma résidence consistait en un stage de quatre mois, dont l’objectif était de permettre au DDF de réutiliser les enregistrements audios du projet Lingua Libre. En effet, plus de 200 000 enregistrements audios ont déjà été réalisés en français sur la plateforme. Mon rôle était également d’améliorer Lingua Libre pour faciliter les futurs enregistrements et pour toucher les francophones hors de France, afin d’obtenir une plus grande diversité de locuteurs, qui bénéficiera aux deux projets. Le Dictionnaire des francophones pourra ainsi proposer sur ses entrées des prononciations audio représentatives de chacun des accents francophones.
L’institut international pour la Francophonie avait déjà accueilli la résidence de Sébastien Gathier en 2020, afin de permettre la réutilisation des contenus du Wiktionnaire dans le DDF. »

Peux-tu résumer ce que tu as fait durant cette résidence ? 

« J’ai participé aux discussions communautaires et techniques du projet, j’ai proposé plusieurs changements sur le site, notamment un salon de discussion plus coloré ou une nouvelle page de communauté. J’ai aussi mis en place un badge virtuel qui récompense le locuteur le plus actif du mois, ce qui semble bien stimuler l’émulation au sein de la communauté !
En juillet, grâce au soutien de la DGLFLF et du service de micro-financement de Wikimédia France, nous avons pu inviter quatre contributeurs à Lyon dans le cadre d’un hackathon de deux jours, dédié à la conception des futures fonctionnalités de Lingua Libre.
Avec l’aide de ma collègue Louisa Curci, nous avons mis en place sur Lingua Libre une liste de « 100 mots pour déclencher votre accent », ce qui devrait permettre d’obtenir une grande variété de prononciations, sur des mots choisis par des linguistes pour leurs propriétés phonologiques. Puisque le Dictionnaire des francophones est basé sur des données liées, il peut être requêté en SPARQL.
Cela m’a permis de classer dans environ 250 listes différentes les entrées du DDF qui étaient associées à des régions. 
Lucas et Louisa au centre de documentation de l'I2F
Ces listes permettront aux utilisateurs francophones de Lingua Libre de trouver facilement des mots propres à leur région pour les enregistrer.
J’ai également réalisé un court tutoriel vidéo, intégré à la page d’aide du Wiktionnaire concernant les enregistrements audios, et qui devrait prochainement être intégré aux pages d’aide du DDF.
Dans le cadre de la première biennale des langues à Lyon, j’avais organisé des ateliers de contribution à Lingua Libre, notamment auprès d’élèves de collège, mais elles ont été annulées en raison des contraintes sanitaires. J’ai quand même eu l’occasion de présenter Lingua Libre au cours de l’été, lors de deux événements internationaux : d’abord en juin à ContribuLing, une conférence dédiée à la contribution aux plateformes collaboratives en ligne dans les langues minoritaires, puis en août lors de Wikimania, la conférence annuelle du mouvement Wikimedia. »

Quelle suite pour les actions que tu as lancées ?

« Les enregistrements audios de Lingua Libre devraient être intégrés au Dictionnaire des francophones au cours de l’année 2022. D’ici là, le projet Lingua Libre continue de se développer dans le monde, y compris hors de la francophonie. Les fonctionnalités conçues pendant le hackathon du mois de juillet seront petit à petit ajoutées à l’outil, qui devient de plus en plus complet et simple à utiliser. »

Que retires-tu de cette expérience ?

« Cette résidence m’a d’abord permis de contribuer à Lingua Libre à plein temps et durant plusieurs mois, ce que je ne fais d’habitude que sur mon temps libre. J’ai rencontré des personnes passionnées et passionnantes, et j’ai beaucoup apprécié la stimulation quotidienne d’être entouré des wikimédiens de l’équipe du Dictionnaire des francophones.
Outre les compétences que j’ai développées en organisant des événements ou en concevant du matériel pédagogique, j’ai suivi de près le projet du DDF durant plusieurs mois, ce qui m’a permis de prendre en main son fonctionnement technique et de rencontrer ses différents acteurs. »

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Crédits images
Lingua Libriste en résidence
WikiLucas 00, CC BY-SA 4.0
WikiLucas 00, CC BY-SA 4.0
Wikinade, CC BY-SA 4.0
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