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Paris Musées : le choix déterminant de l’open content

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Paris Musées vient d’annoncer cette semaine sa nouvelle politique d’accès libre aux collections des musées de la Ville de Paris. 100 000 photographies d’œuvres en haute définition sont diffusées sous la licence libre CC0. Et ce n’est qu’un début… Cela permet désormais à n’importe qui de consulter, réutiliser et remixer les collections parisiennes.

Des milliers d’œuvres du domaine public enfin accessibles au… public

Soleil couchant à Lavacourt (détail)
Claude Monet (1840-1926). “Soleil couchant à Lavacourt (détail)”. Huile sur toile. 1880. Musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris, Petit Palais. CC0.

Concrètement, ces milliers de numérisations seront disponibles notamment sur leur plateforme dédiée mais également sur Wikimedia Commons grâce au partenariat liant l’institution à Wikimédia France. Et pour se mettre en appétit on peut notamment citer le « Soleil couchant sur la Seine à Lavacourt, effet d’hiver » de Claude Monet, « Le Sommeil » de Courbet, « Le Nu au bain » de Bonnard ou encore « Le Portrait d’Ambroise Vollard » de Cézanne. Toutes ces œuvres que l’on peut analyser,  contempler, étudier sur la toile proviennent des 14 musées constituant l’institution dont le musée Carnavalet, le Petit Palais, le musée d’Art Moderne, les musée Bourdelle ou encore Cernushi… Des noms qui en disent long sur l’étendue et l’importance des collections. Mais cette démarche d’ouverture et de diffusion numérique nous rappelle l’importance et la place centrale de l’utilisateur final dans la vie d’une œuvre, d’une image et de ses données.

Le choix de l’open content et de l’utilisateur final

Avec cette décision, Paris Musées, qui regroupe 14 sites patrimoniaux de la ville, rejoint un mouvement international d’ouverture des données et contenus culturels comprenant des institutions GLAM (Galeries, Libraries, Archives and Museums) comme le Metropolitan Museum of Art de New York, le musée d’art de Cleveland, le Rijkmuseum d’Amsterdam ou la Smithsonian.

Paris Musées est la première institution parisienne à mettre en œuvre une telle politique d’open content. Symbole d’une timidité française dans ce domaine qui peut pourtant déjà s’inspirer d’initiatives marquantes, totales ou partielles, en terme de libre partage des connaissances : les Archives nationales qui avaient renoncé en 2018 à la redevance (exception culturelle) sur ses numérisations, le Centre des monuments nationaux, la Bibliothèque inter-universitaire de Santé, le musée de Bretagne, le musée départemental de la Haute-Saône, le musée d’art et d’histoire de Saint-Brieuc, le musée de Die et du Diois, le musée des Augustins ou encore le musée Saint-Raymond.

Gustave Courbet (1819-1877). "Le Sommeil", 1866. Musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris, Petit Palais.
Gustave Courbet (1819-1877). “Le Sommeil”, 1866. Musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris, Petit Palais. CC0.

Cette démarche qui vise à favoriser la connaissance et la visibilité des œuvres et collections en France et à l’étranger, offre de nombreuses possibilités en dehors des utilisations commerciales elles aussi encouragées : permettre aux étudiants et enseignants du monde entier d’illustrer leurs travaux, aux contributeurs et contributrices des projets Wikimédia d’illustrer des articles de Wikipédia, aux universitaires d’étudier les œuvres et aux créateurs de s’inspirer de ces collections patrimoniales.

Il faut préciser que dans le cas présent, « seules » les peintures, photographies, médailles ou encore estampes sont concernées. Mais ici, on replace l’utilisateur final au centre des missions de service public. Les droits de reproduction représentent une part très faible des recettes et rapportent de moins en moins aux institutions. Ces images et leurs données dépassent l’enjeu commercial pour s’inscrire dans l’économie des usages qui fait vivre et évoluer les musées autrement et offre une nouvelle vie aux œuvres et leurs reproductions.

Partenariat avec Wikimédia France

Pierre Bonnard (1867-1947). "Nu dans le bain". Huile sur toile, 1936. Paris, musée d'Art moderne.
Pierre Bonnard (1867-1947). “Nu dans le bain”. Huile sur toile, 1936. Paris, musée d’Art moderne. CC0.

Wikimédia France félicite les élus de la Ville de Paris d’avoir pris cette décision courageuse en novembre 2018 et le personnel de Paris Musées d’avoir mis en œuvre cette décision très rapidement. Dans le cadre du partenariat récemment dévoilé, Wikimédia France s’engage à accompagner Paris Musées dans cette démarche d’ouverture pour faire de cette nouvelle politique une réussite en matière de diffusion et valorisation des collections muséales de la Ville de Paris. A travers cette collaboration ce sont les projets Wikimedia qui bénéficieront de ces innombrables richesses patrimoniales, Wikimedia Commons en première ligne. Des versements de ces images haute définition sont en effet prévus sur la médiathèque libre dont une bonne partie viendra enrichir l’encyclopédie Wikipédia. Un gage de visibilité et de réutilisation pour ces images car l’encyclopédie figure dans le top 5 des sites les plus visités en France et le top 10 au niveau international.

Dans la continuité des collaborations GLAM que Wikimédia France poursuit depuis 2010, cette initiative de Paris musées peut inspirer de nombreuses institutions qui se posent encore la question de l’intérêt d’une telle diffusion numérique ou de la mise en place d’une politique globale d’open content. Mais en attendant qu’un soleil similaire se lève chez les voisins, ce sont des millions d’utilisateurs qui peuvent profiter de cet immense patrimoine.


Rappel sur la licence CC0 : Cette licence fait partie des licences Creative Commons. Elle est celle qui se rapproche le plus d’un placement dans le domaine public. C’est à dire qu’elle permet de réutiliser librement les travaux, les modifier, les diffuser quelque soit l’usage, y compris l’usage commercial et sans aucune restriction de droit, sauf celles imposées par la loi. Elle se différencie de la licence CC BY SA, commune à de nombreux projets Wikimedia, par l’absence d’obligation de mention de l’auteur (conditionnée en France par «le droit à la paternité» du droit moral) ou de diffusion sous la même licence.


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