Faire un donUn tournant pour les communs numériques en Europe : la création de l’EDIC Digital Commons
Un consortium inédit pour bâtir un numérique européen ouvert, souverain et collaboratif
De la présidence française de l’UE à l’ambition européenne des communs numériques
Au début de l’année 2022, sous la présidence française du Conseil de l’Union européenne, la France confie à Henri Verdier, ambassadeur pour les affaires numériques, une mission ambitieuse : imaginer comment l’Europe pourrait mieux soutenir et reconnaître les communs numériques. De cette réflexion naît le rapport « Les communs numériques : un levier essentiel pour la souveraineté européenne », remis en juin 2022.
Ce texte fondateur établit un constat lucide : logiciels libres, protocoles ouverts, plateformes collaboratives, jeux de données partagées… ces ressources essentielles au bon fonctionnement du numérique sont souvent maintenues par des communautés bénévoles, mais demeurent fragiles faute de reconnaissance institutionnelle et de financements adaptés. Le rapport recommande donc d’inscrire les communs au cœur des politiques publiques, de créer un guichet européen de soutien, et surtout, de structurer une gouvernance commune à l’échelle de l’Union.
Henri Verdier à la WikiCheese 2022, à Bruxelles
Crédit photo : Mathilde Louis WMFr,
CC BY-SA 4.0, via Wikimedia Commons
D’une impulsion politique à la création de l’EDIC Digital Commons
C’est de cette impulsion politique qu’est née, après plusieurs années de concertation, la volonté de créer un consortium européen dédié : l’EDIC Digital Commons (European Digital Infrastructure Consortium). Ce projet, officiellement lancé à l’automne 2025, vise à bâtir un espace numérique européen fondé sur les communs, l’interopérabilité et la coopération entre États et communautés.
Que fera l’EDIC ?
L’EDIC Digital Commons agira comme un cadre juridique européen permettant aux États membres de co-investir dans des infrastructures numériques partagées, ouvertes et interopérables.
Il couvrira des domaines stratégiques comme l’intelligence artificielle, la cybersécurité, le cloud et la géomatique, afin de réduire la dépendance de l’Union européenne vis-à-vis des fournisseurs extra-européens.
Grâce à ce modèle, les États pourront travailler ensemble pour concevoir, déployer et gérer des ressources numériques en confiance — un moyen de renforcer la souveraineté technologique de l’Europe tout en soutenant les alternatives open-source et la coopération entre les secteurs public, associatif et privé.
Un binôme État/commun au cœur de la préparation
La construction de ce consortium s’est déroulée en deux temps.
Phase préparatoire
Chaque pays intéressé était représenté par un binôme “État / commun”, un format inédit qui illustrait une conviction simple : on ne bâtit pas des communs sans impliquer celles et ceux qui les font vivre.
Wikimédia France est fière d’avoir participé à cette étape, aux côtés des équipes d’Henri Verdier, en apportant son expertise et sa voix de représentant de la société civile et des communautés contributrices. Forts de notre expérience avec Wikipédia, Wikidata et Wikimédia Commons, nous avons contribué aux réflexions sur la gouvernance ouverte, la transparence et la durabilité des communs numériques. Ces échanges ont permis de poser les bases d’un modèle qui reconnaît la valeur sociale, démocratique et technique de ces ressources.
Seconde phase
Le projet a trouvé un nouvel élan sous l’impulsion de la Direction interministérielle du numérique (DINUM), et particulièrement de sa directrice, Stéphanie Schaer. Grâce à sa coordination et à la relance des discussions européennes, la France, l’Allemagne, les Pays-Bas et l’Italie ont pu finaliser la mise en place du consortium et donner corps à cette ambition collective.
« L’EDIC Digital Commons incarne une ambition commune :
bâtir ensemble les fondations d’un paysage numérique européen fort, ouvert et durable »
Stéphanie Schaer, directrice interministérielle du numérique
Un chantier collectif à faire vivre
La création de l’EDIC Digital Commons marque une étape majeure pour l’Europe numérique.
Pour Wikimédia France, elle représente bien plus qu’une réussite institutionnelle : c’est la reconnaissance d’un modèle, celui des communs, comme pilier de la souveraineté numérique européenne. Cette approche met en avant la coopération, la transparence et la gouvernance partagée plutôt que la dépendance technologique ou la logique de marché.
Mais un consortium ne vit que par celles et ceux qui le font exister. Pour que l’EDIC tienne toutes ses promesses, il faudra, comme lors de sa genèse, maintenir le dialogue constant entre institutions et communautés, garantir une écoute attentive du terrain, et veiller à ce que les politiques européennes restent connectées aux réalités de celles et ceux qui développent, traduisent, documentent et entretiennent ces communs.
Wikimédia France salue le travail de la DINUM, des équipes d’Henri Verdier et de l’ensemble des partenaires européens qui ont contribué à cette avancée majeure. Ce projet illustre ce que nous défendons depuis toujours : un numérique européen fondé sur la connaissance libre, la coopération et la confiance. Les communs numériques se cultivent, se protègent et se partagent et c’est ensemble, États et citoyens, que nous pourrons les faire grandir.
Pour aller plus loin
- 📘 Rapport “Les communs numériques : un levier essentiel pour la souveraineté européenne”
Par Henri Verdier, ambassadeur pour le numérique — remis en juin 2022.
Consulter le rapport sur diplomatie.gouv.fr - 📰 Communiqué de presse — Lancement de l’EDIC Digital Commons Publié par la Direction interministérielle du numérique (DINUM), octobre 2025. Lire le communiqué sur numerique.gouv.fr
